Le développement personnel est un voyage, une exploration !

Baptiste Michel
8 min readMay 3, 2020

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La zone de confort est l’endroit le plus dangereux au monde.

Se développer, se former, c’est explorer !

Faire du développement personnel, c’est comme étendre sa zone de confort pour agrandir ses cartes, ouvrir le champs des possibles et élargir sa vision du monde. Car oui, on ne sort pas de sa zone de confort, on l’étend. Sinon elle reste fixe et on y fait juste des allers-retours.

“La carte n’est pas le territoire” disait Alfred Korzybski.

Nous avons chacun nos propres cartes, nos propres perceptions du monde qui ne représentent qu’imparfaitement la réalité.

Et lorsqu’on part en exploration personnelle, parfois des découvertes hasardeuses et inattendues sont faites — on parle alors de sérendipité. Parfois de nouveaux apprentissages entrent en conflit avec nos croyances héritées de notre culture, de l’école, de nos parents, et produisent des dissonances cognitives qui vont faire qu’on résiste, qu’on atteint des plateaux et qu’on passe difficilement des paliers. Parfois, c’est l’inverse qui se produit et les connaissances vont entrer en résonance et s’insérer parfaitement dans nos schémas mentaux. D’autres fois, c’est nous-mêmes qui nous bloquons sur le chemin avec nos propres croyances limitantes infondées qui nous persuadent de ne pas explorer. Pourtant Marc Aurèle disait :

« Si tu es coincé sur le chemin alors tu es sur le bon chemin. »

Vous êtes l’explorateur de votre développement personnel.

Sur les cartes anciennes d’époque, des dragons et des serpents de mers ornaient les zones dites « terres inconnues ». Tout un imaginaire de légendes terribles intégrait les représentations de l’époque et faisait office de croyances limitantes.

Aujourd’hui, pour nous, la Terre est connue. Elle est ronde, 6 continents, 5 océans… mais au Moyen Âge on ne connaissait que 3 continents. Le processus par lequel est passée cette vérité établie est décrit comme tel par Schopenhauer :

« Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence. »

Et bien en développement personnel, les changements révolutionnaires sont aussi perçus en 3 étapes :

  • Ridicule : « pfff, ça ne peut pas marcher, ça se saurait ! » ,
  • Dangereux : « je résiste consciemment ou inconsciemment car cela met à mal mon système de pensée et tout ce qu’on m’a pourtant appris »,
  • et enfin Évident : « mince alors, mais ça fonctionne en fait ! ».

Ecrivez votre propre histoire, utilisez votre créativité.

La créativité signifie tout simplement de faire des liens entre des sujets en apparence non connectés. Et à ce jeu, nous sommes tous créatifs malgré nous. La créativité permet de synthétiser de nouvelles choses à partir d’expériences en établissant des connexions. Être créatif c’est percevoir le monde de manière nouvelle et de trouver des patterns cachées.

Alors, créativité ou pas, voici un lien entre deux phénomènes qui d’apparence n’ont pas l’air liés : la découverte du nouveau monde et votre développement personnel.

Quoi de mieux qu’une histoire pour imager et comprendre ce lien que je vous propose d’observer sous un autre angle ?

ALLÉGORIE DES CARTES MARINES & CHASSE AU DRAGON

HIC SUNT DRACONES — ici sont les dragons

Créatures fantastiques, serpents de mer, dragons… Les cartes marines ont souvent fait la part belle à l’imaginaire, du 13ème au 18ème siècle. La mer représentait le danger, l’inconnu mais aussi l’aventure car voyager était avant tout perçu à l’époque comme un enrichissement personnel.

S’appuyer sur les récits de voyageurs, d’érudits et d’explorateurs ne permettait pas de combler les trous géographiques du bout du monde. Alors on faisait exister des dragons dans les territoires inexplorés, en zone dite « terres inconnues ». Cette Terra Incognita imprégnée de croyances et de superstition vît ainsi le jour.

Rendre à César…

À leur disparition, les romains emportèrent avec eux leurs explorations. Orphelines de ces avancées, les nouvelles cartes du Moyen Âge portaient des représentations du monde imbibées de croyances chrétiennes.

C’est lors de la Renaissance qu’il y eu un regain d’intérêt pour l’exploration du monde et pour en dessiner ses contours, il fallait des explorateurs.

Au XVème siècle, les cartes de Ptolémée sont retrouvées en Italie. L’héritage perdu resurgit et on redécouvrit sa géographie. Elle obéissait à une projection mathématique impliquant que les grecs reconnaissaient déjà que la terre était ronde et qu’elle n’était pas connue dans sa totalité. On combina alors ces cartes avec les connaissances de l’époque pour représenter la totalité du monde connu d’alors. On y fit également figurer des conventions de représentation. On les ornait en y accumulant les savoirs, les observations mais aussi et surtout les croyances de l’époque (L’atlas catalan illustre un bel exemple).

4 des 6 parchemins de l’Atlas catalan.

Des croyances limitantes ?

La mer incarne la peur.

Les parties inexplorées des cartes, on les imaginait en instaurant des croyances. Pas des croyances aidantes mais limitantes. L’imaginaire cartographique avec les créatures s’installe. La mer incarne la peur. Ouragans, tempêtes et monstres surgissent dans les histoires.

Au XVème siècle toujours, en Extrême-Orient, l’amiral chinois Zheng He lança de grandes expéditions de reconnaissance. Côté Europe, les explorateurs portugais (dont le plus connus — Infant Don Henri / hashtag le navigateur), descendirent la côte africaine et s’attaquèrent à franchir le cap Bojador (sud du Maroc).

Ce cap incarnait le mythe d’une limite infranchissable considéré à la fois comme un obstacle psychologique et symbolique. Au delà de cette limite méridionale du monde, c’était la peur qui régnait car dans la croyance de l’époque la peau devenait toute noire et l’eau bouillait. Passer ce cap s’apparentait au suicide et à une entrée en enfer.

Infant Don Henri mit plus de 13 ans et 13 tentatives pour passer ce cap Bojador. Et une fois passé, il aura tout de même fallu 83 ans pour faire le tour de l’Afrique. Les croyances limitantes de l’époque empêchaient les avancées.

Des découvertes hasardeuses & inattendues

Naviguer vers le sud de l’Afrique était plutôt chose aisée avec l’aide du courant océanique et de l’alizé qui épousait les côtes marocaines. Ce qui posait problème à l’époque, c’était le retour vers le nord car les voiliers remontaient très mal le courant fort et le vent contraire.

Croquis des courants et alizés, avec les deux routes de retour de l’époque.

La solution trouvée pour les éviter était de tirer des bords loin au large vers le nord-ouest pour ensuite, une fois la latitude de l’arbalète à midi (bâton de Jacob), revenir plein est vers le Portugal. On appelait cela la « Volta do largo », le « retour au large » en portugais.

Cette Volta permettait donc aux voiliers de descendre la côte d’Afrique jusqu’au sud et de revenir plus facilement vers le Portugal en tirant au large par le nord. Grâce à elle, les explorateurs s’aventurèrent en pleine mer et découvrirent ainsi, par hasard et de manière inattendue, Madère en 1419 et l’archipel des Açores en 1427. Ce fut l’illustration du principe de la sérendipité dans toute sa splendeur — le hasard dans la découverte.

Dissonances & résonance — S’intégrer dans le schéma originel :

En 1492, Christophe Colomb se lança dans la traversée de l’Atlantique convaincu de pouvoir rejoindre la Chine. Pourtant, même après sa quatrième et dernière expédition en Amérique, il resta toujours persuadé d’avoir atteint les Indes orientales, le but originel de son expédition. Il n’imaginait pas un seul instant qu’il ait pu trouver quelque chose de nouveau.

En effet, on pensait que tout était déjà été décrit dans la Bible et par les anciens. Tout existait et tout ce qu’on trouvait de nouveau devait donc s’intégrer au schéma connu, dans la carte originelle de Ptolémée.

La dissonance avec les croyances de l’époque ne tint pas longtemps. En quelques décennies, ces découvertes rapportées furent vécues et entrèrent en résonance en bouleversant alors la manière de se représenter le monde. Il n’était plus réduit aux 3 continents et devint ouvert et navigable de bout en bout avec des terres dispersées sans ordre symétrique préétablie.

La carte de Ptolémée, re-dessinée via projection.

La carte comme un outil d’exploration du nouveau monde.

Amerigo Vespuci fut d’ailleurs le premier à employer le terme de « nouveau monde », baptisé « América » (en son nom) en 1507 par le cartographe allemand Martin Waldseemüller (se prononce « vatz-y Mulère ! »). La découverte de l’Amérique fut une rupture profonde avec cet ancien système de pensée.

La 3ème étape de Schopenhauer pouvait alors s’orchestrer. En effet, ce qui avait été ridiculisé puis fortement opposé (principalement par la religion) finit par devenir l’évidence même. Tout le monde se mit à partir à la conquête des nouvelles terres. Cabral découvrit le Brésil en 1500. En 1519, Cortés conquit le Mexique. En 1531, Pizarro découvrit le Pérou. L’Amérique du Sud fut très vite reconnue et la carte complétée.

Terra Australis Incognita telle qu’imaginée.

Les contours se précisèrent alors et les dragons se firent de moins en moins nombreux et de plus en plus petits. On remplit les vides. Les frontières inconnues furent repoussées. Pour autant, on imagina pendant longtemps une terre australe, équivalente à l’Eurasie, au sud qui joindrait l’Australie, l’île de Java, Madagascar et la Patagonie. On chercha cette « Terra Australis » jusqu’au 18ème Siècle ! À cette époque pas si lointaine d’ailleurs, les découvertes étaient jalousement gardées par les états car savoir ce qui se cachait en Terra Incognita était un peu comme détenir un grand pouvoir, un dragon en quelque sorte. Au Portugal par exemple, quiconque transmettait une carte à un étranger était passible de peine de mort.

De nouveau vers l’inconnu, vers les étoiles !

La navigation par les étoiles permet d’aller d’un point A à un point B uniquement lorsqu’ils sont déjà connus. Même si la première utilité d’une carte est de faire le point sur ce que l’on sait, elle reste aussi le seul moyen de naviguer sur une mer inconnue. Elle permet de dessiner ce qu’on y voit et d’y revenir. La carte permet de confirmer sa position mais elle n’est pas le monde, seulement une représentation, une projection.

Les terres inconnues d’aujourd’hui seront les découvertes de demain. Les dragons ont été chassés de la terre ferme. Ils ont pris de la hauteur dans les étoiles. Au début du siècle dernier, on ne connaissait qu’une seule galaxie. On en recense aujourd’hui plus d’une centaine de milliards. Les zones inexplorées deviennent de nouveau plus nombreuses que jamais. L’univers observable est aujourd’hui une sphère centrée sur la terre de plusieurs milliards d’années lumières. Au delà de cette limite appelée horizon cosmologique c’est de nouveau la « Terra Incognita » !

Univers observable et horizon cosmologique.

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Baptiste Michel
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Written by Baptiste Michel

CEO of Kontre Kourant — Brain lover & Ultra runner

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