Un objectif flou mène à une connerie précise.
Atteindre un objectif en 3 étapes (1/3).
L’atteinte d’objectif est rarement due au hasard. C’est un processus et pour cela, découvrez les meilleurs outils et attitudes à acquérir au travers de 3 articles.
Partie 1 : Reformulation & solution : « Tout objectif flou conduit obligatoirement à une connerie très précise ».
Construire une représentation réaliste, atteignable et satisfaisante d’un objectif est le point de départ qui posera la fondation de son atteinte — ce qui est le but en principe.
Acquisition du signal GPS : État Présent et État Désiré
Pour atteindre un objectif, le cerveau a besoin de savoir où il va et comment il y va sinon c’est « Alice et le chat ». Mais avant d’entrer l’adresse GPS, il convient de faire l’acquisition du signal.
En programmation neuro-linguistique (PNL) on parle de transformation de soi. D’après Richard Bandler (co-fondateur de la PNL), trois questions simples permettent la définition d’un objectif. Cette première étape permettra de faire apparaitre les champs d’action du processus de changement.
L’acquisition du signal équivaut à se représenter l’état dans lequel vous vous trouvez ici et maintenant et qui est appelé « l’État Présent » (EP en abrégé).
- Question 1 : Que voulez-vous ? Que désirez-vous ?
Connaitre votre désir et votre besoin permet de donner forme à l’État Désiré (ED en abrégé), synonyme de l’objectif à atteindre. - Question 2 : De quoi auriez-vous besoin pour y arriver ?
Les moyens et les ressources formulés ici pour atteindre l’objectif peuvent être internes (psychologique) ou externes (coaching, formation, argent, etc.). - Question 3 : Qu’est-ce qui vous en empêche ?
Exprimer les obstacles et les contraintes permettra de les anticiper et de mener des actions pour les contrer (contourner, surmonter…).
Bien sûr, nous sommes tous différents et les réponses aux trois questions ci-dessus varient d’un individu à l’autre. L’acquisition du signal GPS est propre à chacun et il ne sert à rien de se comparer. À titre d’illustration, voici une situation vécue ci-après mais d’abord, parlons de reformulation.
Objectifs négatifs & AntiObjectifs : Le cerveau ne comprend pas la négation.
Si je vous dis : « Fermez les yeux et n’imaginez surtout pas un éléphant bleu faisant du ski. », votre cerveau va en comprendre le sens et lui donner vie. Le fait que j’introduise un « ne » et un « pas » dans ma phrase n’a aucune incidence.
La négation n’est pas naturelle pour le cerveau. Il va d’abord visualiser le concept pour ensuite tenter de le chasser. Il en va de même pour la formulation d’objectif négatif.
À titre d’exemple, je fais de l’ultratrail et Kilian Jornet est un sportif qui m’inspire. Il explique que lorsqu’il est dans une pente dangereuse de 60° en ski d’alpinisme il se visualise en train de « tenir en équilibre » et non pas en train de « ne pas chuter » sinon le cerveau visualise le fait de tomber et c’est la chute assurée ! Se dire « Tiens en équilibre » est bien plus efficace que de se dire « Ne chute pas ».
De la même manière, nombreux sont les footballeurs qui vous diront que le meilleur moyen de tirer sur le gardien est de se dire très précisément : “ne tire pas sur le gardien”…
Un antiobjectif suit le même principe. En effet, imaginez la tête de l’employé à l’accueil d’un supermarché si vous lui dites : « bonjour, je ne veux pas aller au rayon culture ». Cela semble insensé de parler ainsi, mais les antiobjectifs touchent pourtant chaque aspect de notre vie. Ils sont très présents, surtout envers les enfants. En prendre conscience est le premier pas. Voici donc quelques exemples concrets :
- Dire à un enfant « Ne pose pas ça là » lui indique un État non Désiré et l’enfant comprend ainsi ce qu’il ne doit pas faire. Pour autant, cette formulation n’embarque aucune notion indiquant le comportement attendu. « Pose ça ici » est meilleur en tout point car il inclut une formulation positive de l’État Désiré et de l’objectif à atteindre.
- Dans cette même dynamique, dire « rassure-toi » est bien plus efficient que « n’aie pas peur » ou « ne t’inquiète pas ». Dans la même lignée, dire à son enfant : « ne t’inquiète pas, il n’y a pas de lion, d’araignée, de dragon, de monstre ni de clown à longues dents sous ton lit » fait s’éveiller toutes ces créatures dans son imaginaire.
- Remplacer « Dépêche-toi » ou « Ne sois pas en retard » par « Sois à l’heure ». D’ailleurs, dans le premier cas, l’enfant tentera de répondre positivement à l’injonction du parent qui lui demande de se dépêcher. Il mettra tout en oeuvre pour être dans une dynamique de hâte en attendant la dernière minute pour se préparer par exemple.
- Voici quelques autres exemples à la volée :
- « N’oublie pas d’acheter du pain » est moins efficace que « Pense à acheter du pain » car la notion d’oubli est évoquée.
- « Ne cours pas » < « Marche lentement ».
- Un enfant à qui on dit « N’échoue pas » visualisera l’échec.
- « Je ne veux plus oublier » < « Je veux mieux mémoriser »
- « Je souhaite lire plus vite » > « Je ne souhaite plus lire lentement »
- etc. Vous avez compris l’idée.
Antiobjectifs et objectifs négatifs mettent en avant un État non Désiré et le cerveau va lui donner forme puisqu’il ne connait pas la négation. Dans un but d’économie d’énergie cognitive et d’une meilleure efficience, apprenons à formuler positivement nos objectifs. Et ceci, dans tous les aspects de notre vie.
Tourné problème vs tourné solution : la maman de Soline.
Soline est une petite fille qui était avec mon fils à la crèche et sa maman souhaitait désespérément changer de vie : quitter Paris, son job, rentrer à Bordeaux, etc.
Lorsqu’elle a appris que nous plaquions tout pour recommencer de zéro, elle a alors commencé à me questionner de manière très orientée. Vous allez découvrir que son état d’esprit et son attitude au travers de son questionnement conditionnaient déjà l’atteinte de son objectif (état désiré) qui était de changer de vie.
Voici la bande son :
- Maman de Soline : « Vous quittez tout et changez de ville ? »
- Baptiste : « Oui, on quitte nos deux jobs avec ma femme et on redémarre de zéro à Lyon »
- Maman de Soline : « Mais vous avez trouvé un nouveau job ? »
- Baptiste : « Non, pas du tout. Je vais monter ma boite et ma femme cherchera sur place puisqu’elle a postulé à distance sans succès et nous avons décidé d’y aller quand même sans plus attendre. »
- Maman de Soline : « D’accord mais vous avez de l’argent de côté qui puisse être utilisée en cas de besoin ? »
- Baptiste : « Pas vraiment. Nous avons certes un peu d’épargne mais l’idée sera de ne pas puiser dans nos économies. »
- Maman de Soline : « Et vous avez un logement sur place ? »
- Baptiste : « Oui, la famille nous donne un coup de main temporaire pour un pied à terre moyennant finance. »
Fin de la conversation sur sa dernière injonction :
- Maman de Soline : « Ah, ben c’est facile pour vous alors. Moi je n’ai pas cette chance d’avoir un logement à Bordeaux. Si j’en avais un alors on serait déjà parti avec mon mari et mes filles. »
Mais serait-elle vraiment partie ? Si je lui garantissais un logement, sauterait-elle le pas ou aurait-elle une autre excuse bloquante, une autre crainte limitante, un autre élément empêchant son passage à l’action ? Je n’en sais trop rien mais ce qui est sûr c’est que tout son questionnement était orienté sur un même point, à savoir, le fait de trouver ce que l’autre avait et qu’elle ne possédait pas et qui justifiait son non passage à l’action. Cette attitude a pour conséquence de renforcer sa position de vie et d’empêcher toute tentative de changement en se posant en victime de la situation.
Deux leçons ici :
- L’acquisition du signal GPS est personnelle. Les réponses aux trois questions ci-dessus nous sont propres et rien ne sert de se comparer aux autres. Nous sommes tous à des étapes différentes de nos vies avec leurs cocktails uniques de contraintes et d’obstacles à surmonter.
- En revanche, il peut être utile dans certains cas de se comparer. Par exemple lorsque vous souhaitez atteindre un résultat, il peut être intéressant de se rapprocher d’une personne qui l’a déjà atteint. Faire l’inventaire de comment cette personne s’y est prise est utile en gardant en tête que nous sommes différents. Attention, identifier ce qu’il vous manque est une chose mais votre attitude vis-à-vis de cela en est une autre. En effet, être tourné solution est clé. Vous n’obtiendrez des résultats positifs que si vous êtes dans l’optique d’aller combler ce manque identifié et de solutionner votre problème.
Ma croyance est que notre attitude et notre langage interne impactent grandement la formulation de nos objectifs et par ricochet notre capacité à les atteindre. Suggestions et affirmations positives contribuent à une bonne hygiène de vie psychologique.
Souvent, nous nous imposons nos propres limites et n’avons que peu conscience de notre auto-sabotage. Acceptons-le comme un challenge à surmonter.
Ces aspects là ne sont pas innés, ce sont des acquis et ils se travaillent. Passons de l’énergie sur « comment réussir un projet » plutôt que sur « trouver les raisons qui font qu’il échouera ». Ayons un état d’esprit qui vise l’excellence et l’enthousiasme. L’énergie passée à se plaindre peut être capitalisée pour produire plus. Il ne tient qu’à nous d’exploser nos barrières et d’accomplir ce que nous voulons.
Prochaine étape (à venir — 2/3) : traduction et décomposition de l’objectif en actions — « Une vision sans action n’est qu’une hallucination ».
Sources — “Des nains sur des épaules de géants” : PNL — Schéma de Richard Martens / Richard Bandler